Nous voici donc aux portes de ce Nirvana annuel, en cet état de légèreté où nous sommes prêts à célébrer le printemps qui revient, en même temps que les hirondelles et les koï. Eh oui, les carpes sont de retour chez vos marchands habituels ! En avant pour le grand plaisir d’acheter, d’ébaucher les plus vifs espoirs dans un nouvel arrivant. Mais afin de ne pas être déçu trop vite – ou plus justement de ne pas l’être ! – et de ne pas oblitérer toutes les chances, bien réelles, de voir le nouvel arrivant croître et se transformer magnifiquement dans votre bassin, il est bon de rappeler de ces petites règles très simples par lesquelles l’amateur évolue doucement vers le statut d’éclairé…
Vous vous apprêtez à accueillir une carpe koï. La première étape est tout naturellement l’achat. Nous avons précédemment passé en revue l’approche esthétique (J&DA 41), gardez-là en mémoire. Ici, nous insisterons plutôt sur des aspects sanitaires.
Avant l’achat
Essayez – mieux, réussissez ! – de ne pas vous engager dans un achat avec une idée préconçue sur telle ou telle variété que vous devriez acheter absolument. Achetez en fonction de la qualité, qui sera ou ne sera pas au rendez-vous. Si vous ne trouvez pas de poisson qui vous parle – au cœur, évidemment, mais aussi à la raison – revenez un autre jour !
Évitez le poisson isolé ou qui ne nage pas : il n’est pas forcément malade, mais à tout le moins il est stressé, et ce n’est pas la peine de prendre avec lui un risque supplémentaire, il en est assez d’autres – de risques, et de poissons aussi ! Soyez attentifs au matériel du vendeur : il est impératif que ce dernier use d’une épuisette différente dans chaque bac où il œuvre, ou alors qu’il procède à une désinfection entre chaque utilisation – par ailleurs, le marchand qui ne sera pas à même de vous gonfler convenablement le sac de transport avec de l’oxygène est à considérer avec la plus grande méfiance.
Pour en revenir aux poissons, jetez un coup d’œil à la façon dont celui/ceux que vous convoitez ventile(nt) : le mouvement des ouïes doit être régulier, pas trop rapide. A défaut, il y a peut-être à craindre des problèmes branchiaux dus à des bactéries. De même tout poisson qui virevolte sans cesse en se rapprochant du bord ou du fond est à oublier : il peut bien avoir l’air joyeux mais de fait, il est dérangé, irrité par des parasites à l’œuvre…
Le choix est fait ? Vous avez déniché un poisson joliment proportionné, aux motifs harmonieux et bien nets sur de belles écailles, la bête est vive sans excès, et on l’a attrapé devant vous en respectant des règles élémentaires d’hygiène, on vous l’a emballé non pas sous air, mais avec le plein d’oxygène, en toute compétence ? C’est maintenant à vous de jouer : deuxième étape, l’accueil, en évitant d’en faire un écueil !
Une quarantaine bien faite ou rien
Avant même de libérer votre nouveau pensionnaire, une question doit être tranchée. Prudente quarantaine ou pas ? Disons-le d’emblée : attention aux pseudo-quarantaines… Une quarantaine mal menée est pire qu’un poisson introduit dans votre bassin avec quelques costias aux basques ! Une quarantaine est un moyen mis en œuvre pour éviter de transmettre une pathologie ou des parasites à un groupe déjà installé et réputé sain. Pour ce faire, et le faire convenablement, il vous faut un bassin digne de ce nom, avec une filtration idoine (et qui marche DEPUIS UN CERTAIN TEMPS !) ainsi qu’une panoplie thérapeutique s’il y a effectivement un problème. Encore une fois, la quarantaine ne saurait être un plus que si vous êtes à même de la mener à bien ! Si c’est le cas, et que c’est votre choix, un rappel utile : contrôlez le taux des nitrites dans le bassin d’isolement, car souvent le filtre en est très délaissé, et parfois seulement branché de la veille… Ensuite salez l’eau à 4/5 gramme par litre et… il ne vous restera qu’à observer attentivement, jauger les comportements de votre nouvel arrivant au fil des jours : l’attention aux quelques détails suggérés plus haut reste d’actualité !
Introduction directe en douceur…
Si vous avez choisi de libérer le petit prisonnier dans votre bassin principal directement, au moment d’ouvrir le sac, vous devez être attentif à deux points cruciaux : la température et le pH (le ph peut-être bas dans ce sac!).
Prenez une bassine assez grande, avec une bonne aération, versez-y l’eau du sac et le poisson, après quoi, avec un petit récipient ajoutez de l’eau du bassin de destination par petite touche – comptez un cinquième du volume du sac environ. Attendez quelques minutes puis enlevez un même volume de la bassine et remplacez par de l’eau du bassin encore. Ce petit jeu gentiment enfantin n’est pas passionnant passionnant, mais grâce à cette petite manipulation, vous adaptez gentiment le métabolisme du poisson à son nouveau lieu de vie, au pH en particulier. (PLUS C’EST LENT MEILLEUR C’EST)
… introduction différée.
Dans le cas où vous aurez décidé de procéder à une quarantaine, chauffez l’eau si vous le pouvez à 18/20 °C et placez-y vos poissons. Si des parasites ou une bactérie sont présents, ils se manifesteront plus vite et il sera également plus facile de les traiter dans leur phase active. De plus, le système immunitaire du poisson sera également plus réactif, ce qui ne peut qu’aider, évidemment. Je ne parlerai pas ici du virus KHV, volontairement! Avant la peste, il y a la grippe, et pour l’instant elle tue davantage…
(SI APRES UNE DIZAINE DE JOURS VOUS NE VOYEZ RIEN VOUS POUVEZ CONSIDERER ËTRE SUR LA BONNE VOIE)
Assez pour les inquiétudes, et concluons sur ce bonheur qui se profile, ajoutant aux joies printanières : voir le nouvel arrivant s’adapter promptement dans votre bassin, et augurer d’une croissance magnifique.